LE SORGHO POUSSERA EN BRETAGNE

Publié le par Ar baner mad

 

Ouest-France > Edition : Bretagne > Jeudi 14 Février 2013

  

Climat : le sorgho poussera en Bretagne 

 

Pour élaborer son schéma air-énergie, la Région a commandé deux études. L'une sur le réchauffement climatique, l'autre sur les effets de ce changement.

 

 

 

Le schéma régional air-climat-énergie (SRCAE) élaboré par l'État, la Région et l'Ademe (l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) est en chantier. Imposé par le Grenelle de l'environnement, il est soumis à consultation publique jusqu'au 15 mars. Il sera soumis à l'arrêt du préfet de Région et à l'approbation du conseil régional en juin.

 

Des canicules plus fréquentes

 

Le SCRAE doit répondre à cinq objectifs : réduire les émissions de gaz à effet de serre, maîtriser les consommations énergétiques, améliorer la qualité de l'air, développer les énergies renouvelables et anticiper l'adaptation au changement climatique aux horizons 2020 et 2050.

Sur ce dernier point, la Région a souhaité éclairer sa réflexion par deux études, l'une commandée à Météo France Rennes, l'autre au Conseil scientifique de l'environnement de Bretagne.


Quel sera le climat breton au milieu et à la fin de ce XXIesiècle ? Des températures plus élevées au printemps et en automne, des canicules type 2003 plus fréquentes en été et des hivers moins froids, promet l'étude. « Actuellement, la moyenne de juillet-août à Rennes est de 24Ä. Elle pourrait passer à 27Ä en 2080. Et de 19Ä à 21 Ä sur les côtes du Léon » précise Franck Baraer, ingénieur au service « études et climatologie » de Météo-France Rennes.

 

Des coefficients de marée à 130 ou 140

 

L'élévation du niveau de la mer serait de 3 cm tous les dix ans. Pas de quoi s'affoler. Sauf, rappelle Franck Baraer, que cela se traduirait par des coefficients de marée de 130 à 140 ! D'autant plus dramatique que ces très grandes marées pourront se conjuguer à des épisodes de tempêtes, type ouragan de 98, eux aussi plus fréquents.

Le réchauffement climatique nous promet-il, une Bretagne un peu plus ensoleillée ? Pas sûr... «Pour notre hémisphère, les modèles prévoient une sécheresse au sud et une humidification au nord. Mais la Bretagne se trouvant juste au milieu, il est aujourd'hui difficile de prévoir quelle tendance l'emportera.»

 

Problème mondial, solutions locales

 

« Le réchauffement, ce n'est pas seulement l'image de l'ours blanc sur son minuscule glaçon » rappelle pour sa part Philippe Mérot, directeur de recherche à l'Inra (Institut national de la recherche agronomique). « Le climat breton pourrait s'apparenter au climat actuel aquitain ou subméditerranéen, comme Toulouse.Ce qui ne sera pas sans conséquences très concrètes sur nos végétaux et donc sur notre agriculture.

Des études agronomiques menées sur le blé tendre prouvent que les rendements, en croissance régulière depuis 1956, marquent le pas depuis 1998 en raison de l'élévation des températures.

À ce jeu, le Brésil sera-t-il toujours en mesure de produire, au même prix, le soja qui alimente l'élevage porcin breton ? Faudra-t-il envisager, en Centre-Bretagne, la culture de nouvelles céréales, comme le sorgho ? Faut-il toujours planter nos essences forestières favorites en sachant qu'à maturité, dans un demi-siècle, elles auront chaud et soif ?

Autant de questions qu'il vaut mieux se poser dès aujourd'hui « si on ne veut pas, un jour, uniquement subir les conséquences du changement climatique » assure Dominique Ramard.

« Le problème est mondial, les plans pour y faire face seront nationaux, mais les prises de décision ne peuvent qu'être locales. La Région peut aider à leur donner de la cohérence » propose le vice-président en charge de l'énergie. Jean-Laurent BRAS.

 

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